L’arrivée du COVID-19 dans nos vies a généré plusieurs préoccupations et ajustements, tant dans nos vies personnelles que professionnelles. Nous avons eu envie de vous partager certaines réflexions tirées de nos observations cliniques en tant que sexologues et psychothérapeutes.
La distanciation sociale au prix de la chaleur humaine
Que vous soyez célibataire, que vous ne cohabitiez pas avec l’être aimé, que vous soyez un grand-parent coupé du lien avec vos petits-enfants, un parent avec un nouveau-né qui ne peut avoir le soutien de sa famille, que vous ne puissiez côtoyer vos amis, que vos soins corporels ne puissent plus vous être offerts…vous avez tous en commun cette réalité : la restriction voire l’absence d’opportunités liées au toucher.
Les derniers mois ont demandé à chacun d’entre nous de s’adapter à une réalité mondiale exceptionnelle en mettant en place plusieurs mesures d’hygiène préventives. Perte de repères, inquiétudes et impuissance ont été le lot de bien des individus. La technologie aura permis de maintenir ou de développer des contacts sociaux réduisant ainsi l’isolement. La créativité aura favorisé des moments en présence en respectant la distance physique exigée.
Les mois passent et voilà que les carences du toucher se font de plus en plus sentir chez plusieurs. La douceur d’une caresse, la bienveillance d’une main sur une épaule, la chaleur d’un câlin, l’intensité d’un rapprochement physique, la passion d’un baiser, le réconfort d’une épaule, le plaisir d’une danse…
Le toucher est essentiel au bon développement et à un état d’équilibre chez l’humain. Le toucher est le sens le plus important de notre corps. […] C’est par notre peau, grâce au toucher que nous ressentons, aimons, détestons[1]. Les êtres humains ont besoin du toucher. On le recherche partout, on peut même mourir si nous n’en avons pas[2].
La sensation du toucher commence dans l’utérus. La peau, dérivé des mêmes cellules que celles du système nerveux, est un instrument parfait pour recueillir des informations sur notre environnement, bien avant notre naissance, à partir de 8 semaines de gestation. Les bébés découvrent le monde avec le toucher car les autres sens ne sont pas complètement développés à la naissance (vue, ouïe). En rampant, ils utilisent leur corps pour avoir accès au monde. Ils mettent tout dans leur bouche; ils explorent avec leur bouche car il y a plusieurs neurones sensoriels au niveau de la langue et des lèvres[3]. Des études démontrent que des enfants qui sont privés d’affection, de toucher démontrent une tendance à l’agressivité, aux comportements violents. En sexologie, il est possible de voir des situations de compulsion sexuelle ou d’anorgasmie pouvant être liées à un manque au niveau du toucher.
Rappelez-vous que même adulte, le toucher est bénéfique, il stimule les fonctions du système immunitaire, réduit le stress, et nous garde connecté au reste du monde. Le toucher est essentiel dans l’enfance et vital devenu adulte! [4]
Pour en savoir plus sur le fonctionnement du toucher vous pouvez lire l’article suivant : Morin, I. Pourquoi toucher l’autre nous manque, La Presse, 8 juin 2020.
[1] J.Lionel Taylor, The stages of Human Life, 1921, p.157.
[2] Traduction libre faite de : Benjamin, Ben E. and Sohnen-Moe, Cherie. 2003. The Ethics of Touch. SMA inc. USA. p.106-111.
[3] Idem.
[4] Idem.